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LA TRANSITION

 

Ou la collapsologie positive

  • Photo du rédacteurEric Magré

L’étude systémique pour comprendre la situation

Nous venons de traverser un épisode de crise sanitaire pendant lequel nos gouvernants ont pris un certain nombre de mesures, non sans conséquences pour la suite.

Mais nous pouvons raisonnablement nous poser la question de la pertinence de leurs raisonnements, face aux grandes différences de traitement au niveau mondial.

En effet, la plupart des modèles de pensée qui sont mis en œuvre aujourd’hui sont des modèles linéaires : une cause, produit un ou plusieurs effets, qui à leurs tours produisent un ou plusieurs effets.

C’est aussi un modèle dit pyramidal.

Or, notre monde est régi par des lois beaucoup plus complexes et la problématique ne se résout pas à des simples relations de causes à effet. Notre monde est un système en équilibre, et la meilleure approche pour le comprendre et dont pour prendre des décisions pertinentes est l’approche systémique, aussi appelée analyse systémique.


Pour rappel, un système est un ensemble d’éléments coordonnés et organisés. Le corps humain par exemple est un système. C’est un ensemble complexe d’organes et de vaisseaux sanguins interconnectés. Le système solaire en est un autre. C’est un ensemble de planètes gouvernés par l’attraction gravitationnelle du soleil. Une entreprise est aussi un système, tout comme le marché, l’économie, la politique, la société, notre système de santé comme les journalistes ont coutume de l’appeler…


Mais alors qu’est-ce qu’une approche systémique et en quoi cela aurait-il permis de prendre des décisions plus éclairées ?


Pour comprendre, je vous propose une petite histoire : celle des chats de Bornéo.


Dans les années cinquante les habitants de l’île de Bornéo souffraient d’une épidémie de malaria. L’organisation mondiale de la santé eu l’idée de vaporiser une grande quantité d’insecticide sur l’île, ce qui permit de tuer les moustiques, vecteurs de la maladie.


Cependant, un certain nombre de situations inattendues allaient survenir…


Tout d’abord les toits des maisons de l’île commencèrent à s’effondrer mystérieusement. L’organisation comprit un peu plus tard que l’insecticide tuait aussi une espèce de guêpe qui se nourrissait de chenilles, ces dernières se nourrissant des toits de chaume. Sans ces guêpes, le nombre de chenilles se développèrent rapidement et par conséquent les toits des maisons s’effondraient, mangés par les chenilles.


Mais l’insecticide affecta aussi beaucoup d’autres insectes. Or ces insectes étaient mangés par des lézards. Ces derniers supportèrent bien le produit chimique et l’accumulèrent dans leur organisme, mais les chats qui mangeaient les lézards furent empoisonnés et beaucoup moururent.


Avec moins de chats, les rats commencèrent à proliférer. Si le problème de malaria fut résolu, les habitants de Bornéo furent alors victimes d’une épidémie de peste…


L’OMS avait alors utilisé une approche linéaire.


L’idée de parachuter des chats vivants sur l’île de Bornéo fut alors mise en pratique. L’objectif était de repeupler l’île de chats pour réduire la population de rats. Ce fut la bonne solution puisque l’équilibre se rétablit progressivement… aux toits près.

Mais alors, comment l’approche systémique s’attaque aux problèmes complexes ?

L’analyse systémique met en œuvre six concepts :

• L’interconnexion : nous partons du principe que l’ensemble des phénomènes étudiés peuvent être liés entre eux.

• La synthèse : on ne s’intéresse pas seulement aux éléments qui composent le système mais aussi à la façon dont ils interagissent les uns avec les autres.

• L’émergence : C’est la capacité d’un système, donc un ensemble d’ingrédients, à se combiner pour se transformer en autre chose.

• La boucle de rétroaction : une cause produit un effet, qui produit un autre effet, mais ce dernier peut avoir une influence sur la cause elle-même.

• La causalité : c’est le principe linéaire de cause à effet que nous connaissons tous.

• La cartographie : c’est la schématisation du système afin de bien le comprendre.

Si nous appliquons, cette approche au traitement de la crise sanitaire que nous venons de passer, cela nous alerte sur plusieurs choses :


Le ralentissement de l’économie, conséquence du confinement, va conduire à une contraction du PIB. Cette contraction aura plusieurs effets, comme la diminution de la pollution, ce qui est un point positif mais nous y reviendront, ou la diminution des financements disponibles pour l’industrie, l’agriculture, la santé… cela signifie que la décision de confinement prise par nos dirigeants va engendrer des boucles de rétroaction dont certaines conduisent à une fragilisation de notre système de santé à moyen terme. En gros, on traite le mal immédiatement mais on se rend plus vulnérable pour la suite. Mais ce sera pour les prochains dirigeants…

Quant à l’idée de faire marcher la planche à billet européenne et de recourir à l’emprunt massif, nous voyons que cela ne crée pas de richesse réelle, et que la vision est encore à court terme.


Revenons sur la pollution. Avec le confinement, nous avons retrouvé des taux de pollution correspondant aux limites fixées par les accords de Paris. Pour mémoire, les accords de Paris ont pour objet de limiter le réchauffement climatique à deux degrés, ce qui est déjà très ambitieux. Pour cela, un objectif d’émissions de CO² à été fixé, et c’est cet objectif que nous avons tenu pendant le confinement. Cela signifie que si nous ne voulons pas dépasser les deux degrés de réchauffement, il nous faut continuer à vivre comme pendant le confinement : pas d’avions, télétravail pour tout ceux qui le peuvent, approvisionnement local de produits de première nécessité, pas de déplacements pour les loisirs, système de santé réduit au traitement des urgences… Bref, tout ceci laisse songeur.


Puisque nous sommes songeurs, je vous propose une autre petite histoire…


Fort de cet outil d’analyse systémique, dans les années soixante-dix, le club de Rome, qui rassemble les grands dirigeant de la planète, commande au MIT (Massachussetts Institute of Technology), une étude du monde pour comprendre son évolution probable.

Un modèle extrêmement complexe, intitulé World 3, simule le fonctionnement du monde.

En voici un schéma très simplifié :

Dennis Meadows, exploite alors ce modèle, pour écrire un ouvrage intitulé « limits of growth », qui décrit ce que le monde risque de devenir si nous continuons à l’exploiter sans changer nos habitudes (business as usual).

La courbe la plus représentative du travail de Dennis Meadows est la suivante :

Là, ça nous laisse encore plus songeur. En effet, au-delà du fait que nos dirigeants qui ne sont pas censés ignorer cette étude n’ont pas agi en conséquence, laissant la situation se dégrader, ce graphique nous prédit un effondrement de notre civilisation. Le songe commence à tourner au cauchemar…


On pourrait encore espérer que Dennis Meadows, le MIT, et l’ensemble des scientifiques qui ont vérifié cette publication se soient complètement plantés, ou qu’il y avait conflit d’intérêt comme dans certaines publications actuelles du Lancet, mais ni l’époque, ni les forces en présence ne permettent de l’affirmer, et il semble bien que ce modèle soit fiable, et se vérifie au cours du temps.


Alors, si cela est vrai, il nous faut dès maintenant commencer à préparer notre transition vers le monde d’après, mais ce sera l’objet d’autres articles de ce blog.


Vous retrouverez ces diverses analyses et bien d’autres dans le livre intitulé LA TRANSITION, ou la collapsologie positive, disponible au format papier ou numérique :

Ou directement sur le site de l’éditeur :


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